Avis aux membres mercredi 25 juin 2025
Union parentale et Tribunal unifié de la famille : êtes-vous prêts?
Des changements importants en droit de la famille à compter du 30 juin 2025

Le Barreau du Québec rappelle que plusieurs changements à l’exercice du droit de la famille ont été apportés par la Loi sur la réforme du droit de la famille et instituant le régime d’union parentale, adoptée par l’Assemblée nationale le 30 mai 2024, et par la Loi instaurant le Tribunal unifié de la famille au sein de la Cour du Québec, adoptée le 10 avril 2025.
Le contexte ayant mené à la réforme du droit de la famille
L’évolution du droit de la famille québécois ne s’est pas déroulée au même rythme que l’évolution de la société. Le portrait des familles au Québec a changé et les statistiques démontrent que la célébration du mariage a perdu en popularité au bénéfice des unions libres.
La modernisation du droit familial québécois concernant les conjoints de fait était attendue depuis longtemps. Rappelons que ceux-ci, n’étant soumis à aucune règle, bénéficiaient d’une pleine autonomie décisionnelle.
La motivation du législateur a été de protéger l’intérêt des enfants en cas de séparation des parents en union de fait. C’est dans ce contexte qu’a vu le jour la Loi portant sur la réforme du droit de la famille et instituant le régime d’union parentale qui vient modifier le Code civil du Québec.
En parallèle, le législateur a aussi voulu simplifier le parcours judiciaire des familles québécoises. Par le projet de loi n° 91, qui est devenu la Loi instaurant le Tribunal unifié de la famille au sein de la Cour du Québec, la Cour du Québec détient désormais la compétence pour entendre les recours liés à l’union parentale et à l’union civile, de même que ceux impliquant une grossesse pour autrui.
De nouvelles règles pour les conjoints de fait : l’union parentale
Le Code civil prévoit la mise en place d’un régime d’union parentale en vigueur à compter du 30 juin 2025 et créant des droits et obligations entre conjoints de fait à la naissance ou lors de l’adoption d’un enfant commun, mais également lors de la naissance d’un enfant commun résultant d’un projet parental impliquant une grossesse pour autrui.
L’adhésion à ce nouveau régime est automatique, c’est-à-dire qu’aucune démarche n’est nécessaire pour bénéficier des protections offertes par la Loi. Toutefois, un droit de retrait, par acte notarié en minute, est prévu. Ces modifications n’ayant pas d’effet rétroactif, le régime s’applique seulement aux parents qui accueillent un enfant après le 30 juin 2025.
Principales protections offertes par l’union parentale
Patrimoine d’union parentale : | il est constitué des résidences de la famille ou les droits qui en confèrent l’usage, les meubles qui les garnissent, et les véhicules automobiles utilisés pour les déplacements de la famille. Le Code civil du Québec prévoit les règles de son partage en cas de séparation. |
Protection de la résidence familiale : | la Loi étend les dispositions relatives à la résidence familiale aux conjoints en union parentale. À titre d’exemple, la résidence familiale ne peut pas faire l’objet d’une vente ou d’une hypothèque par le parent propriétaire sans le consentement de l’autre parent. |
Recours à une prestation compensatoire : | un conjoint peut, à compter de la fin de l’union parentale, demander le versement d’une nouvelle forme de prestation compensatoire, selon les conditions prévues au Code civil. |
Une nouvelle compétence pour la Cour du Québec : le Tribunal unifié de la famille
Dès le 30 juin 2025, le Tribunal unifié de la famille (TUF) est implanté au sein de la Cour du Québec. Le TUF a compétence exclusive pour entendre les recours liés à l’union parentale et à l’union civile, de même que ceux impliquant une grossesse pour autrui.
Les principales nouveautés du TUF sont les suivantes :
- Processus de médiation obligatoire
Il est prévu, dans certains cas, que l’instruction de l’affaire relative à l’union parentale ou à l’union civile ne peut avoir lieu que si les parties ont entrepris le processus de médiation familiale. Des exceptions à cette obligation sont toutefois prévues, notamment en présence d’une situation de violence familiale, conjugale ou sexuelle. - Processus simplifié de tenue de conciliation et d’une audience sommaire
Le Code de procédure civile offre la possibilité, pour les parties à une instance relative à l’union parentale ou à l’union civile, de recourir à un nouvel outil leur permettant de bénéficier d’une séance de conciliation et d’une audience sommaire, en cas d’échec de la conciliation, tenue la même journée, à moins d’exceptions.
Bien que les règles ci-dessus édictent des principes généraux, le Code civil du Québec prévoit des exceptions ainsi que différentes modalités. Par exemple, il est possible pour les conjoints en union parentale de modifier la composition de leur patrimoine ou encore de s’y assujettir rétroactivement de façon volontaire.
Afin que les avocats et avocates soient pleinement outillés pour répondre aux nouvelles exigences et accompagner les familles de manière optimale, le Barreau du Québec propose une formation détaillée sur le sujet.