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Articles dimanche 4 décembre 2022

Développement professionnel

Et si votre évolution passait par le programme de mentorat?

Par Marie-Hélène Paradis

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Les avocats, comme plusieurs professionnels, se définissent d’abord par leur formation de base et leur expérience initiale. Plusieurs d’entre eux sont pourtant aussi des entrepreneurs et, même s’ils n’en sont peut-être pas tout à fait conscients, ils ont souvent les mêmes préoccupations que des entrepreneurs, peu importe le domaine de droit ou le secteur d’activités dans lequel ils évoluent.

Le mentorat

Le mot mentor prend sa source dans la mythologie grecque. Selon le récit de l’Odyssée d’Homère, Ulysse, roi d’Ithaque, avait confié l’éducation de son fils Télémaque et la gestion de son patrimoine à son ami d’enfance Mentor alors qu’il s’était absenté pour combattre les Troyens. Au début du XVIIIe siècle, mentor était devenu synonyme d’accompagnateur avisé, de motivateur, de personne sage. Le mentorat moderne conserve l’objectif de bâtir une relation d’accompagnement misant sur la confiance et le respect, et il se présente aujourd’hui comme un outil intéressant pour traverser les aléas de la vie d’une entreprise, tous secteurs confondus.

Selon Karyne Alstream, directrice générale adjointe et directrice principale du programme de mentorat du Réseau Mentorat, le participant à un programme de mentorat peut bénéficier du statut de mentor ou de mentoré, et ce, à toutes les étapes de sa carrière ou de la vie de son entreprise, que celle-ci en soit au démarrage ou au repreneuriat, en passant par le stade de la croissance ou de l’internationalisation.

Le mentor : un rôle important

Le Réseau Mentorat est une organisation sérieuse, et ne devient pas mentor qui veut!

Les aspirants mentors doivent se soumettre à un processus de sélection et répondre à certains critères. La première étape est l’entrevue personnelle, durant laquelle le futur mentor est invité à se faire connaître en présentant ses valeurs et ses champs d’intérêt. Les candidats doivent avoir une expérience « terrain » et détenir certaines qualités ou aptitudes, notamment être enclins à donner au suivant et être ouverts aux autres. Ils doivent aussi pouvoir se rendre disponibles de trois à cinq heures par mois.

« Le Réseau donne des formations aux mentors et aux personnes responsables du programme de mentorat dans les organismes. Il s’agit de bien outiller ces personnes pour qu’elles puissent être à l’aise dans leur nouveau rôle, » explique Karyne Alstream. Les deux formations clés pour comprendre son rôle et aider efficacement sont axées sur les questions à poser, et sur le fait qu’il ne faut pas donner des réponses, mais plutôt creuser pour mettre à jour le cœur du problème. « Ça prend du temps pour devenir bon dans l’art de poser des questions et ne pas être dans le jugement ou les conseils, mais plutôt dans l’écoute et la bienveillance. »

La pandémie a permis d’enlever les barrières territoriales, facilité des rencontres et des échanges sur des thématiques variées et permis aux mentors d’avoir un rayonnement dans la communauté entrepreneuriale de leur région, ce qui apporte une autre façon de procurer une aide aux participants.

Selon madame Alstream, le recrutement est un défi. « La méconnaissance de notre organisation, la vitesse à laquelle les entreprises fonctionnent et la pénurie de ressources humaines font en sorte que les entrepreneurs doivent suppléer au manque et sont à court de temps. »

Les mentors peuvent faire la différence dans la vie de quelqu’un et donner sans avoir d’attente tout en construisant des liens forts avec leurs mentorés. D’après les témoignages, les relations humaines qui se développent dans ce contexte sont nourrissantes de part et d’autre, et font une grande différence. L’écoute attentive ouvre sur une réalité avec des échanges plus profonds, une compréhension du contexte de l’autre et elle aide à développer ses compétences humaines, ses compétences transversales qui s’appliquent dans toutes les sphères de la vie, souligne-t-elle. Elle ajoute que faire partie d’une communauté comme le Réseau Mentorat facilite les belles rencontres et la constitution d’un réseau composé de gens de cœur, qui veulent donner au suivant.

Les mentorés

« Quand un entrepreneur prend le téléphone pour être jumelé à un mentor, c’est rarement parce que ça va bien », nous confie Karyne Alstream. Il faut donc, en premier lieu, évaluer la gravité de la situation pour ensuite être en mesure d’apporter l’aide nécessaire. Pour toutes sortes de raisons, les nouveaux entrepreneurs sont plus ouverts à aller chercher de l’aide. »

Les mentorés discuteront surtout des défis humains, de leurs priorités, de la conciliation travail-famille, des valeurs, des croyances limitatives, du syndrome de l’imposteur et des relations avec les employés, les fournisseurs et les partenaires. Ce sont tous des sujets qui sont rarement enseignés dans les écoles.

« Le mentor et le mentoré ne viennent pas du même domaine. C’est même déconseillé qu’ils proviennent du même secteur, parce que le rôle de mentor n’est pas de trouver des solutions, mais de poser des questions. Et quand on connaît moins ou pas du tout le domaine d’entreprise pour lequel on fait du mentorat, on est porté à poser des questions plutôt que de proposer un plan d’action. Cela donne, en plus, des échanges enrichissants », souligne Karyne Alstream. Le mentor ne se substitue pas au rôle de parrain, mais il devient celui qui questionne et qui fait réfléchir. Pour avoir une vision claire et arriver à des solutions, il est important de faire d’abord un pas de recul.

Le Réseau Mentorat

Le Réseau Mentorat est un organisme financé par le Québec et le Canada. Il possède des antennes dans la francophonie canadienne et en France, et il est en lien avec 60 partenaires, principalement au Québec, où il collabore avec les MRC, les SADC, les chambres de commerce et les personnes morales sans but lucratif (PMSBL), favorisant le mentorat d’environ 3 000 entrepreneurs par année.

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