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Dossiers mercredi 29 mars 2023

Compte-rendu de la table ronde du 8 mars 2023

La rétention et la nécessité d’un plan d’action

Par Marie-Hélène Paradis

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Selon Me Ramsay, il faut se soucier de comprendre les raisons pour lesquelles les femmes abandonnent la profession en début de carrière. Il faut aller à la recherche d’indicateurs qui fourniront du matériel pour établir un plan d’action efficace et mesurer les résultats.

« Plusieurs pistes de solution sont à notre portée. Tout d’abord, il faut nous assurer que les femmes ne font pas plus d’heures non facturables que les hommes, qu’elles puissent aussi avoir accès à des mentors, et qu’on leur délègue des dossiers intéressants. Si on porte attention à tout ça, qu’on mesure les progrès et qu’on surveille l’évolution de ces mesures, une plus grande rétention sera certainement favorisée. »

Me Nguyen est, quant à elle, préoccupée par le fait qu’après toutes ces années investies à étudier, à faire un stage, à passer le Barreau, les femmes quittent la profession. C’est le signe d’un profond malaise et du besoin de changement. Elle ajoute que le principal motif de démission lié à la profession est la maternité. « La maternité ne devrait pas être un motif pour quitter une profession dans laquelle on a tant investi. Trente ans après le rapport Wilson, les défis restent les mêmes. La structure organisationnelle perturbe encore le cheminement professionnel des femmes. La pression financière, les heures facturables, les attentes des associés, le besoin de soutien et de mentorat sont des obstacles réels qui nuisent à l’avancement des femmes. Il y a eu des progrès, mais il reste beaucoup à faire. » La solidarité entre femmes, la formation d’alliances pour former une masse critique et faire avancer les choses font partie des solutions, selon Me Nguyen. Les hommes peuvent reconnaître la contribution des femmes sous toutes ses formes, s’enquérir du développement professionnel des femmes, les soutenir, écouter et poser des questions sur ce qu’il est possible de faire pour les propulser dans l’organisation dans un milieu de travail flexible.

La progression professionnelle

Dans sa présentation, la bâtonnière confirme que 32 % seulement des avocats associés sont des femmes, et ce, malgré une moyenne d’âge de 42 ans pour l’ensemble des femmes avocates. « Cette situation est expliquée, selon les participantes à la table de discussion de l’automne dernier, par deux facteurs principaux : la pression de générer des revenus et le nombre d’heures de travail élevé pour devenir associé. D’après elles, il faut aussi valoriser d’autres types de parcours. »

« Parmi les ingrédients qui peuvent aider à contrer ce phénomène, on peut identifier des pistes de solutions plus concrètes, comme le coaching individuel qui fait vraiment une grande différence dans la vie des avocates. Il s’en fait de plus en plus, et les résultats sont probants, je peux en témoigner », nous raconte Me Nguyen. Elle ajoute qu’identifier des personnes d’influence dans la structure organisationnelle pour appuyer sa candidature, s’impliquer dans les regroupements, être disposée à investir les efforts nécessaires pour prendre sa place sont aussi des gestes que l’on doit poser pour un avancement dans une carrière juridique. « On a besoin de modèles féminins différents. Les jeunes avocates ne veulent plus du modèle rentabilité-épuisement professionnel. Il y a certainement un conflit entre les exigences du cabinet privé et les besoins des femmes dans la trentaine, ce qui serait une des raisons pour lesquelles les femmes quittent la profession. »

Me Ramsay ajoute que pour les entreprises, la situation est quelque peu différente. La parité dans les services juridiques est plus présente dans les entreprises qu’au privé. « Hydro est un bon exemple avec 66 % des professionnels qui sont des avocates et notre comité de gestion qui est composé à 50 % d’avocates. Chez Hydro-Québec, le nombre d’années de Barreau est un des critères déterminants pour obtenir le statut d’avocat principal. On a aussi pris la décision qu’une absence en raison d’un congé de maternité ne devrait pas ralentir l’atteinte de l’échelon le plus élevé. »

Me Laberge amène à son tour un élément important à la discussion en précisant que pour favoriser un changement, il faut retrouver dans les équipes avec lesquelles les entreprises font affaire une exigence d’avoir des femmes. « Lorsqu’on donne un contrat à l’externe, des points bonis pour le choix de la meilleure équipe peuvent être alloués si des femmes en font partie. Une façon facile de faire avancer les choses. »

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