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Dossiers mercredi 12 juillet 2023

Journalistes et avocats : deux mondes se rencontrent

Par Marie-Hélène Paradis

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Les journalistes affectés aux affaires judiciaires se retrouvent souvent au cœur d’une actualité brûlante et parfois délicate. Leur travail est parfois mal reçu par les avocats qui travaillent sur de tels dossiers.

Le Barreau a demandé à quatre d’entre eux de discuter en table ronde de leur métier et d’expliquer quels sont leurs besoins pour bien accomplir leur travail de relais de l’information.

Autour de cette table ronde ont pris place Yannick Bergeron de Radio-Canada à Québec, Stéphanie Marin du quotidien Le Devoir, Michael Nguyen du Journal de Montréal et Louis-Samuel Perron de La Presse. À la blague, les quatre journalistes ont d’entrée de jeu remercié les avocats pour la formation continue en droit qu’ils reçoivent d’eux lorsqu’ils assistent aux procès en vue de rapporter l’actualité judiciaire. Les quatre proviennent d’horizons différents et ont eu des expériences journalistiques dans d’autres domaines que le judiciaire, ce qui fait en sorte que leurs approches respectives sont intéressantes. Mise à part Stéphanie Marin qui est aussi avocate de formation, tous ont dit qu’ils ne connaissaient pas grand-chose au travail des avocats au début de leurs affectations respectives aux affaires judiciaires. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, ils ont dû poser et posent encore beaucoup de questions aux intervenants judiciaires. Des questions que certains avocats trouvent souvent trop simples, pour ne pas dire simplistes… Mais leur travail consiste précisément à simplifier ou expliquer un vocabulaire juridique parfois rébarbatif et des procédures souvent déroutantes pour le commun des mortels. Cette démarche en fait des vulgarisateurs hors pair : ils sont là pour traduire le processus judiciaire et le langage juridique et faciliter, pour le public, la compréhension du déroulement de la justice.

« Nous ne sommes pas là pour vous empêcher de faire votre travail ou pour le critiquer, mais bien pour comprendre et fournir des explications sur le procès », explique Michael Nguyen.

« Il est important pour nous de pouvoir donner les deux côtés de la médaille. Nous avons un code d’éthique à respecter et une responsabilité énorme parce que nous écrivons pour tous, que ce soit pour les avocats et les juges, ou les victimes et le public. Nous nous devons d’être justes et pertinents. »

L’un des problèmes rencontrés par les journalistes dans leur travail au quotidien, c’est l’accès aux documents publics. Cela peut paraître bizarre mais, souvent, les avocats ne veulent pas donner des documents publics et demandent aux journalistes de passer par le greffe du palais de justice pour les obtenir. Or, leurs heures de tombée sont difficilement négociables et leur temps de rédaction est limité pour livrer leur article ou leur reportage. Devoir se livrer à la chasse aux dossiers dans le « dédale » du palais de justice leur fait perdre un temps précieux. Les journalistes ne cherchent pourtant pas à « empêcher de tourner en rond » ou à mettre leur nez dans des choses qui ne les regardent pas. Ils travaillent pour que leur article ou leur reportage soit le meilleur possible et pour raconter de façon pertinente une histoire. Ils ont besoin de la collaboration des avocats autant que ceux-ci ont besoin des journalistes, afin que le public ait un portrait juste, que ce soit du côté de la défense ou de la poursuite.

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