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Dossiers vendredi 2 juin 2023

Avant-gardiste et collaboratrice de la Nation Atikamekw

Me Anne Fournier, Ad. E., reçoit à titre posthume le Mérite Justice autochtone

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par Marie-Hélène Paradis

Le Barreau du Québec remet le nouveau Mérite Justice autochtone à Me Anne Fournier, Ad. E., décédée en 2002, pour son implication auprès de la Nation atikamekw et sa contribution à l’avancement de son autonomie, particulièrement en matière de droit de la jeunesse.

Nouvellement créé par le Barreau, le Mérite Justice autochtone vise à reconnaître les avocats ou les organisations dont le travail contribue à l’autonomisation, à la réappropriation ou au développement du droit et des systèmes juridiques autochtones par les communautés autochtones. En raison de son étroite collaboration avec le Conseil de la Nation atikamekw, Me Fournier a inspiré les critères d’attribution de ce nouveau Mérite du Barreau. Elle reçoit cet honneur à titre posthume et en devient la première récipiendaire.

Une nouvelle carrière

Me Fournier a consacré sa carrière au bien-être des enfants et des adolescents. Dans une entrevue accordée au quotidien Le Soleil en 2021, elle déclarait, tout simplement : « C’est l’humain qui m’intéresse ». Cette affirmation est le reflet de sa personnalité et de son engagement. De nature réservée, elle disait trouver sa motivation dans l’amour de l’être humain dans toute sa beauté et tous ces défauts.

En réorientation de carrière, il y a plus de vingt ans, un projet atikamekw avait attiré l’attention d’Anne Fournier. Elle a reconnu dans la façon dont les Autochtones abordaient les questions en matière de protection de la jeunesse sa propre manière de traiter ses dossiers. Pour se rapprocher de la communauté, elle a alors décidé de déménager à La Tuque et commencé une collaboration des plus enrichissantes, qui la mènera à laisser sa marque dans l’histoire de cette communauté.

Avant-gardiste et humaniste

Grande collaboratrice de la Nation Atikamekw et du Conseil de la Nation Atikamekw (CNA) au sein duquel elle a travaillé durant plus de vingt ans, elle a contribué à faire reconnaître le droit atikamekw et a aussi représenté, par son expertise, une ressource incontournable dans le développement et la promotion des droits autochtones au Québec, et même au Canada.

Ses principales réalisations

Elle est reconnue particulièrement pour son apport crucial dans le cadre du projet de loi sur l’adoption coutumière autochtone et pour l’inclusion de la violence conjugale dans le Programme de rechange pour adultes en milieu autochtone. En 2018, alors à l’emploi du CNA, elle a marqué l’histoire en jouant un rôle de premier plan dans la mise en place du Système d’intervention d’autorité atikamekw (SIAA). On lui doit aussi la première entente au Québec, signée en vertu de l’article 37.5 de la Loi sur la protection de la jeunesse. Cette disposition a permis une plus grande autonomie, pour les peuples autochtones, dans la gestion de leurs services en matière de protection de la jeunesse et en respect de leurs traditions et coutumes.

Le CNA a souligné, lorsqu’elle a reçu le titre d’Avocat émérite (Ad. E.) du Barreau, qu’elle a contribué à l’avant-gardisme reconnu de la Nation Atikamekw et que « l’avancée historique de la Nation Atikamekw avec l’entrée en vigueur de son autonomie en matière de la protection de la jeunesse n’aurait pas été possible sans le professionnalisme, la détermination et la conviction qui ont animé la réflexion et la pratique de Me Fournier. »

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