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Dossiers mardi 30 novembre 2021

Donner une voix aux plus vulnérables

Me David E. Roberge

Par Johanne Landry

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Dans sa jeunesse, MDavid E. Roberge se destinait au journalisme parce qu’il aime aller à la rencontre des autres, écouter leurs histoires et apprendre de leurs parcours, des prérequis qui se retrouvent aussi dans la profession d’avocat. À la suggestion d’une journaliste qui était sa mentore, il s’est inscrit dans une discipline universitaire autre que les communications afin d’ajouter une grille d’analyse à son profil de journaliste. Il a opté pour le droit « pour mieux comprendre les interactions entre les gens et l’État », dit-il. Il y est resté.

Mes Andra Matei, David E. Roberge et Anne-Marie Santorineos

Admis au Barreau en 2003 et associé chez McCarthy Tétrault, MRoberge exerce en litige civil et commercial, notamment en matière de responsabilité professionnelle, en actions collectives et en droit de l’environnement. « Autant d’occasions, raconte-t-il, d’interagir avec une panoplie de clients diversifiés, des dirigeants d’entreprise ou des professionnels de la santé, par exemple. Au cours d’une même journée, je peux en apprendre sur la toxicologie environnementale ou sur la médecine d’urgence. C’est stimulant. Un dossier qui impliquait l’interprétation de la Loi sur l’assurance automobile m’a permis d’aller jusque devant la Cour suprême du Canada. Pour un juriste, c’est un événement marquant. »

Enrichir sa propre réflexion par celle des autres

Son engagement pro bono auprès d’Avocats sans frontières l’a mené en Haïti, dans le cadre d’une mission internationale de formation en droit de l’environnement. « Une rencontre avec d’autres systèmes, d’autres juristes, qui m’a permis de remettre en question les idées reçues. La connaissance de l’autre amène une meilleure connaissance de soi, commente-t-il. La loi haïtienne de la protection sur l’environnement présente plusieurs similarités avec la loi québécoise, mais avec certaines nuances. Réfléchir à la raison pour laquelle nous abordons les situations avec des solutions différentes, c’est creuser l’analyse et pousser la réflexion encore plus loin. »

S’il se retrouve dans une situation privilégiée dans sa pratique quotidienne dans un grand cabinet, il estime que donner une voix et surtout de l’information aux plus défavorisés et aux plus vulnérables est le fil conducteur qui le motive dans ses actions pro bono. « Tout le monde devrait avoir un accès égal à la justice. Le pro bono, c’est ma façon de contribuer à en améliorer l’accès et ces gens, une fois informés, pourront peut-être régler eux-mêmes leurs différends. Et s’ils doivent s’adresser au système de justice, je souhaite que ça les aide à frapper à la bonne porte. Parce qu’on peut se perdre dans les dédales du système si on est mal aiguillé. »

Me Roberge a aussi fait de l’action pro bono auprès d’organisations en prévention du VIH/sida. « Je suis membre de la communauté LGBTQ et certains de mes amis ont été affectés par cette maladie. Très tôt dans ma carrière, je me suis engagé pour l’accès à une meilleure information juridique afin que les personnes qui vivent avec le VIH ou le sida soient au courant de leurs droits. De façon plus générale, la communauté LGBTQ fait malheureusement encore l’objet de discrimination, même au Québec, bien que nous soyons en avance sur d’autres sociétés. J’essaie de contribuer à la réflexion sur certains projets de loi ou simplement en matière d’éducation juridique », raconte-t-il, ajoutant qu’avec l’organisation Avocats sans frontières il a participé, en 2019, à un atelier sur les enjeux d’égalité et de non-discrimination à l’égard des femmes et des minorités sexuelles. « J’ai présenté l’évolution des droits LGBTQ au Canada en espérant inspirer des acteurs du milieu, en Haïti, à réfléchir à la façon dont cette lutte pour les droits se faisait chez eux. »

Me Roberge dit accueillir le Prix Paris-Québec avec reconnaissance et humilité. « Le travail pro bono se fait souvent dans l’ombre et bien qu’on ne le fasse pas pour gagner un prix, voir ma contribution soulignée de part et d’autre de l’Atlantique me touche. C’est un prix qui traduit les liens particuliers et exceptionnels entre la France et le Québec ainsi que les valeurs de solidarité, d’éducation, et de diversité qui nous unissent. Ce sont des valeurs qui me sont chères, qui guident mon parcours de juriste et qui tracent la voie vers une justice plus inclusive », confie-t-il.

« Il est facile de devenir cynique devant les difficultés d’accès à la justice et toutes les autres difficultés qu’on rencontre dans un système imparfait. Nous vivons dans un monde aux ressources limitées et je me plais à répéter qu’il faut, collectivement, aller de l’avant et continuer à viser haut. On ne réussira pas à tous les coups, mais plus nos objectifs sont élevés, plus grandes seront nos réalisations. Tous ces pas, même petits, vers une société plus juste, plus inclusive et plus diversifiée, c’est notre marche vers le progrès », conclut MDavid E. Roberge.

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