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Dossiers mardi 2 août 2022

Doublement passionnée par le droit et la santé

Me Danielle Chalifoux, Ad. E.

Par Marie-Hélène Paradis

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Me Danielle Chalifoux, Ad. E

Avocate en droit de la santé et présidente de l’Institut de planification des soins du Québec, Me Danielle Chalifoux est une autorité reconnue en matière de droit des aînés, des personnes vulnérables et des personnes en fin de vie. Celle qui a d’abord été infirmière avant de devenir juriste a épousé un parcours professionnel sans cesse en phase avec les besoins de ses patients, puis de ses clients.

« Ma profession première étant infirmière, j’ai découvert la profession d’avocat à l’occasion des cours en droit du travail qu’on m’a envoyée suivre dans le cadre de mes tâches administratives à l’hôpital. Je ne savais pas vraiment ce qu’était la profession d’avocat. J’en avais même une idée un peu péjorative, mais lorsque j’ai suivi les cours, je suis tombée sur deux professeurs qui m’ont montré toute la dimension intellectuelle et humaine du droit du travail. J’ai tellement aimé ça que j’ai décidé de m’inscrire à un certificat de soir. Étant mère monoparentale, il m’était difficile de faire le cours à temps plein mais, finalement, j’ai réussi mes études et j’ai complété mon stage pendant un congé sans solde », nous confie Me Chalifoux.

Entrée à l’emploi d’un grand cabinet, elle pratique d’abord dans les domaines du droit médical, de la responsabilité civile et des assurances, et y prend en charge les dossiers en santé. « À l’époque il y avait beaucoup de recours contre les hôpitaux pour des bébés qui avaient subi des dommages lors de la naissance, en ayant manqué d’oxygène lors de l’accouchement par exemple. Comme j’avais beaucoup travaillé en obstétrique, c’est un heureux hasard qui a fait en sorte que j’utilise mes deux compétences en complémentarité pour mieux servir mes clients. Et ça m’a permis de m’intégrer rapidement dans une pratique dans laquelle j’avais de l’expérience », relate-t-elle.

Au plan professionnel, elle s’implique au sein de l’Association du Barreau canadien (ABC), Division Québec, d’abord comme présidente de la Section du droit de la santé, puis comme membre du Comité sur l’égalité et ensuite du conseil d’administration.

Les aléas de la vie font que Me Chalifoux oriente ensuite sa carrière vers le droit des personnes âgées et des personnes vulnérables« J’ai eu une mère vieillissante qui a fait un AVC et qui est restée paralysée. Nous avons dû la placer dans un CHSLD qui n’avait quand même pas à cette époque la réputation d’aujourd’hui. Elle y a vécu six ans, dépendante pour tous les soins et ce, même si elle avait toute sa tête.  Voir cette femme qui avait toujours été active pleurer tout le temps et qui voulait mourir m’a beaucoup marquée, et même traumatisée. » Elle commence alors à s’occuper des personnes âgées et devient présidente de la Section du droit des aînés à ABC Québec. De 2005 à 2010, elle est membre du Comité sur les soins de fin de vie du Barreau du Québec et collabore activement à la réflexion et la rédaction du rapport du Barreau Pour des soins de fin de vie respectueux des personnes.

« J’ai voulu donner la priorité à ces questions dans ma pratique, alors j’ai créé, en 2010 avec un groupe de femmes d’affaires, l’Institut de planification des soins du Québec. Depuis sa création, je dirige l’Institut. » L’Institut de planification des soins a comme mission d'aider et de soutenir les organisations, les groupes ou les personnes qui veulent s'informer au sujet des diverses problématiques liées à la santé. Il veut contribuer « à l’avancement du droit et à l’éducation, en matière de droit de la santé et des aînés, particulièrement des droits des usagers du système de santé, de la planification des soins de santé, des directives médicales anticipées, des soins de fin de vie et autres domaines connexes. »

Me Chalifoux a travaillé activement à la reconnaissance des droits des aînés, des personnes vulnérables et de celles en fin de vie et a contribué à mettre en lumière les enjeux importants que représentent ces domaines au sein de la société québécoise. « C’est un problème qui est de plus en plus courant dans notre société et il faut donner des outils aux proches aidants et aux personnes vieillissantes vulnérables », souligne-t-elle. Selon Me Chalifoux, exercer le droit des aînés est un défi intellectuel car il touche tous les secteurs du droit : droit des personnes, responsabilité civile, droit des affaires et de la consommation, sans compter l’application de nombreuses lois.

Le besoin est là, estime-t-elle, et même si certaines situations ont évolué, elle croit qu’il faut désormais arriver à la pleine reconnaissance du rôle et des droits des proches aidants. « En début de vie, on facilite les choses avec le congé parental. Il faudrait faire la même chose avec la situation de fin de vie. J’aime le défi que représente le droit des aînés. »

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